Musée National de Port-Royal des Champs
Fondée en 1204, l'abbaye de Port-Royal des Champs, relevant de l'ordre cistercien, a été réformée au début du XVIIe siècle par une jeune fille de 17 ans, mère Angélique Arnaud, sous l'influence de l'abbé de Saint-Cyran, proche de l'évêque hollandais Jansen et de la famille Arnauld.
Prise dans la querelle du jansénisme et ses répercussions politiques et religieuses, l'abbaye devint la cible de mesures de restrictions et de fermetures sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV avant que ce dernier ne décide, en 1709, de disperser les moniales et de raser tous les btiments de l'abbaye pour motif d'hérésie. La mémoire de Port-Royal fut entretenue tout au long du XVIIIe siècle par des adeptes qui, clandestinement, collectèrent, conservèrent et transmirent des œuvres, des objets et des ouvrages : c'est le centre des collections actuelles du musée.
Dans la ferme la plus proche de l'abbaye, dominant le versant nord du vallon, un bâtiment fut construit en 1651-52 pour servir de pensionnat aux garçons de familles désireuses d'une éducation moralement austère et intellectuellement ouverte, notamment aux sciences les plus modernes. Une aile de style Louis XIII fut ajoutée en 1892-93.
Dans ces salles sont exposés des peintures, des livres, des dessins et des gravures : on y découvre l'histoire du jansénisme et de l'abbaye, ses « Solitaires » et ses Petites Ecoles (où Racine fit une partie de son éducation). Des toiles de Philippe de Champaigne (1602-1674) rappellent les liens étroits qui unissaient le peintre et l'abbaye : ses deux filles étaient pensionnaires au monastère. Sont également exposés des tableaux de son neveu Jean-Baptiste, ainsi que de Restout, Jouvenet, Rigaud et une suite de gouaches d'après Madeleine Horthemels décrivant l'abbaye avant sa destruction.
Pascal, dont la sœur fut moniale à Port-Royal, composa ici, en 1655, son Mystère de Jésus. La tradition veut que le savant ait donné les calculs du treuil du puits permettant de remonter, d'une hauteur de 60 m, un seau grand comme neuf seaux ordinaires. Un verger, reconstruit selon les principes agronomiques du père d'Angélique Arnauld, présente plusieurs dizaines d'espèces anciennes de poiriers, de pruniers et de pêchers ; une vigne pré-phylloxérique a été replantée sur le coteau, à mi-chemin de l'escalier dit des Cent-marches, tracé par les Solitaires afin de se rendre à l'église abbatiale ; des jardins d'utilité (potager, herbier) font revivre une ferme francilienne du XVIIe siècle.
On découvre l'emplacement du cloître où des tilleuls ont été plantés à l'endroit du déambulatoire. Une pelouse remplace le cimetière où les religieuses étaient enterrées. L'église, attenante au cloître, fut rebâtie par les « Solitaires » dans les années 1620 et 1630 pour remédier à l'humidité. Par la suite, les démolisseurs rasèrent l'édifice du XVIIe siècle, épargnant cependant l'essentiel des piliers et des murs qui avaient servi de fondations au nouvel édifice et qui dessinent la forme de l'édifice ; ces fondations ont été remises au jour après la Révolution par le duc de Luynes. A l'emplacement du chevet fut construit en 1891 un musée en forme d'oratoire de style néo-gothique (en restauration, ne se visite pas). Subsistent également un pigeonnier du XVe siècle et le canal (300 mètres de long) creusé au Moyen-Age. Un jardin de simples, un herbier et un rucher rappellent l'importance des activités agricoles dans une abbaye cistercienne. Une salle de spectacle accueille tout au long de l'année une saison musicale principalement centrée sur la musique de chambre instrumentale et vocale.
Le musée retraçant l'histoire du jansénisme est installé dans le bâtiment des Petites Ecoles, construites par les Solitaires au XVIIe siècle. Racine en fut l'écolier le plus célèbre tandis que Pascal y écrivit deux de ses Provinciales. La dénomination des "Granges de Port-Royal" rappelle l'origine agricole de ce domaine lié à l'abbaye qu'il surplombait. Les bâtiments de la ferme se repartissent autour d'une cour carrée où se trouve le fameux puits de Pascal. L'illustre savant et auteur avait en effet conçu et équipé ce puits d'un système de son invention grâce auquel "un garçon de 12 ans peut monter et descendre en même temps deux seaux qui tiennent chacun deux seaux ordinaires". Pour visiter, garez les vélos à l'intérieur du domaine, derrière l'accueil.
Infos pratiques
Le musée national de Port-Royal des Champs comprend deux sites : l'entrée du site des Granges est située sur la route des Granges à partir de la D 91 (parking à 100 mètres de l'entrée, zone de pique-nique) ; le site de l'Abbaye est accessible à pied, le 1er dimanche du mois, par les Cent-marches ou, les autres dimanches et les samedis, par la route (à 2 km sur la D 91 dans la direction de Dampierre, parking à 300 mètres du portail d'entrée). Par les transports communs : RER C (gare de Saint-Quentin-en-Yvelines) ou B (gare de Saint-Rémy-lès-Chevreuse), puis bus 464 (arrêt Buloyer).
Le dimanche (d'avril à octobre : BaladoBus au départ de Saint-Rémy lès Chevreuse).
Contact
Contact au : +33 (0)1 39 30 72 72
Fax - 01 30 64 79 55